Métiers du patrimoine

Charlotte Trigance, ingénieure, présidente et co-fondatrice de Sherlock Patrimoine

Son parcours

 

Ingénieure de l’École des Mines et passionnée par l’histoire et l’architecture, Charlotte Trigance oriente ses études supérieures vers la restauration des monuments historiques. Elle se spécialise aux Ponts et Chaussées dans le domaine de la dégradation des matériaux du patrimoine dans l’environnement pour compléter sa formation en matériaux et génie civil des Mines. Suite à cela, elle travaille plusieurs années dans des groupes d’ingénierie, dans lesquels elle effectue des diagnostics de matériaux et de structures anciennes.

Une détective des matériaux


En 2015, elle décide de créer sa propre structure, Sherlock Patrimoine, en référence au détective. Son métier consiste en effet à mener des enquêtes sur les monuments pour déterminer comment et avec quoi ils sont construits, quelles sont les pathologies qui les affectent et quelles techniques devront être mises en œuvre pour leur restauration. Elle intervient généralement pour des maîtres d’ouvrage privés et publics ainsi que pour les acteurs de la restauration tels que des architectes, des bureaux d’études et des entreprises.

Pour faire un bon diagnostic, il est nécessaire de douter et d’avoir un bon sens de l’observation. Il ne faut pas tirer de conclusion trop vite, car l’expérience montre que les systèmes constructifs ou les matériaux employés dans les monuments peuvent être parfois surprenants. Charlotte Trigance conseille d’aborder un monument avec beaucoup de modestie et de garder l’esprit ouvert pour bien le comprendre. Un esprit d’analyse et de synthèse constitue un atout inévitable, tout autant que de solides connaissances techniques.

Charlotte Trigance reconnaît que sa profession est avantageuse car elle lui permet de pouvoir travailler à la fois au bureau et sur le terrain et de beaucoup voyager. De plus, elle a accès à des monuments incroyables et à des zones généralement inaccessibles. La variété des missions rencontrées favorise une constante évolution des compétences. Néanmoins, la profession engendre de grandes responsabilités d’un point de vue technique et il peut être parfois pesant de voyager autant. Il faut, de plus, composer avec la météo parfois difficile à supporter en extérieur.

Studio Sherlock, l’agence de production audiovisuelle

 

En 2016, avec la réalisatrice Julie Garcia, elle crée Studio Sherlock, une agence de production audiovisuelle et transmédia, experte et spécialisée dans la mise en valeur des chantiers de restauration des monuments historiques. Le studio accompagne les acteurs du patrimoine dans la promotion de leur activité de restauration et réalise des vidéos, mais également des plateformes de visite interactives.

Studio Sherlock est également amené à encadrer l’ouverture de chantiers au public et à réaliser des expositions in-situ pour présenter les travaux. Les réalisations audiovisuelles donnent ainsi au grand public l’accès à de très beaux chantiers et contribuent aussi à conserver la mémoire des lieux et des métiers. Dans ce domaine, beaucoup d’innovations et de transversalité avec l’ingénierie sont possibles. Cela permet à la fois de valoriser les métiers de chaque acteur et de transmettre la passion pour le patrimoine. Selon Charlotte Trigance, ce travail vidéographique demande aussi une grande logistique car cela nécessite une bonne connaissance du déroulement des travaux.

L’importance de la mise en réseau

Sherlock Patrimoine est affilié à plusieurs réseaux tels que ICOMOS International (Pôle Pierre) en tant que membre expert. Leurs compétences leur permettent également d’être référencés Assistant à maîtrise d’ouvrage par Demeure Historique ainsi qu’alumni de l’incubateur du patrimoine du Centre des monuments nationaux (CMN) et alumni de la Creative Factory Selection. Pour la fondatrice, ces réseaux aident au développement quotidien de la structure, grâce aux échanges techniques, et permettent de rencontrer des partenaires ou d’éventuels clients. C’est aussi pour cela que Sherlock Patrimoine a adhéré au Pôle Patrimoine, volontiers qualifié par Charlotte Trigance de « lobby » auprès des institutions, dans le but de co-créer un réseau de professionnels du patrimoine, d’échanger techniques, bonnes pratiques et connaissances générales, et pourquoi pas d’envisager des projets communs.