Métiers du patrimoine

Michel Rival, metteur en scène et médiateur artistique et culturel

Pouvez-vous présenter votre parcours ? 

Je suis diplômé en sciences humaines et sociales avec une licence de psychologie et un doctorat en sciences de l’éducation suivis à la fac de lettres de Nantes (44). En parallèle, j’ai pu suivre une formation aux techniques théâtrales en lien avec le spectacle vivant : le jeu de l’acteur, l’écriture, la mise en scène… et je me suis formé tout au long de ma vie, et je continue encore aujourd’hui.

 

En 2013, après un Diplôme universitaire en Histoire de vie en formation à l’Université de Nantes, je poursuis en Master 2 en sciences de l’éducation et de la formation. Ma recherche en thèse de doctorat m’amène à travailler avec les anciens ouvriers des chantiers navals de Nantes et les animateurs du patrimoine à la Maison des Hommes et des Techniques. Elle s’intitule : Transmission de la mémoire collective de la Navale nantaise : usages, savoirs et enjeux.

Michel Rival

Ce qui m’intéresse dans les domaines du patrimoine, ce sont les questions liées à la transmission, à la communication et à la mise en récit des histoires. Il existe pour cela différentes façons de procéder, aussi mon travail de chercheur, de formateur, de metteur en scène, d’auteur m’aide à chercher et à créer avec les acteurs de terrain.

Quelles sont vos missions et en quoi consiste votre métier de metteur en scène et médiateur artistique et culturel ?

Selon les demandes, une grande partie de mon travail est constitué de recherche, de collectage de paroles, de témoignages, avec les récits de vie et d’expériences menés auprès de différents publics (habitant·es, retraité.es, salarié·es, personnes porteuses d’un handicap, ouvriers de la navale, syndicalistes…). Je propose aux groupes avec qui je travaille, d’inventer une méthode commune, sur mesure, porteuse de sens. En fonction du contexte, je recueille les récits, je mène une recherche archivistique, j’accompagne l’écriture, et avec la médiation artistique, cela peut aboutir à la publication d’un ouvrage, à la création d’un spectacle ou à toute autre forme de restitution originale.

 

Avec la compagnie nantaise À toute Vapeur, je participe, conçoit, écrit et met en scène sur commande des projets artistiques à thème, c’est notre approche « théâtre sur mesureS ». Ces pièces sont un moyen d’aborder différents sujets de société : histoire et mémoire collective, handicap et travail, transition climatique, parentalité, éthique de soin …

Autrement, j’organise régulièrement des formations sur l’approche biographique, le récit de vie, la démarche des histoires de vie, avec toute personne qui souhaite re-questionner ou transmettre un parcours de vie, ou qui recueille les récits auprès de personnes.

 

Je propose différentes conférences et colloques sur des thèmes liés à mes recherches et autour de ma méthodologie de travail. Ce que je fais, c’est d’encourager la réflexion et la production de savoirs collectifs, et surtout, apprendre avec les personnes à leur contact.

L’exemple de la ville de la Roche-sur-Yon (85)

De 2017 à 2019, j’ai travaillé sur l’histoire d’une maison de quartier de la Roche-sur-Yon. Pour cela, je me suis intéressé aux archives de la ville, dans le but de retracer l’histoire de ce lieu. J’ai ensuite collecté la mémoire de cet équipement social auprès des habitants·es. Ce travail a ensuite fait l’objet d’une restitution publique sous la forme d’une pièce de théâtre et de musique.

 

De 2009 à 2013, notre équipe artistique a proposé une visite de façon décalée et originale de la ville de la Roche-sur-Yon, afin de relier le passé et notre époque contemporaine. Cette visite s’est organisée sous la forme d’une excursion comique en montagne, et avec ce parti pris artistique détendu et convivial, nous avons emmené les spectateurs·rices d’un soir à la découverte de l’histoire de la ville. Elle a donné lieu en amont à une collaboration avec des historiens locaux.

Photo collective pour entrer au patrimoine de l_ouest

Quelles sont les qualités à avoir pour exercer en tant que metteur en scène et médiateur artistique et culturel ?

Pour moi, les qualités requises à ce travail à inventer ensemble demande de rester curieux, d’oser, d’accepter l’inattendu… Mon parcours singulier m’a appris à rester à l’écoute, disponible à ce qui immerge, à accepter de sortir des chemins tout tracé et, ainsi, découvrir de nouvelles choses. Aussi, je dirais qu’il faut savoir collaborer avec d’autres personnes et s’adapter au contexte et à autrui. Dans ce travail « avec » de médiation et de création, l’autre est primordial.

Avec quel type d’acteurs êtes-vous amené à échanger et travailler ?

Je suis en lien avec tous types de publics : public de quartiers, jeunes, associations, élus, services du patrimoine des villes … L’un des grands enjeux est de réussir à rejoindre l’autre et à s’adapter pour que chaque projet créé soit unique. J’apprends beaucoup des gens que je côtoie. Et concernant le patrimoine, il faut dépoussiérer son approche, trouver les façons adaptées de le rendre accessible à tous·tes et surtout aux jeunes.

une entrée dans l_histoire de Rezé

Comment envisagez-vous votre métier dans le futur ?

Je pense que pour transmettre l’histoire, la mémoire collective, il faut commencer par bien connaître tous les médiums que nous avons à notre disposition, ainsi que leurs limites. Qu’ils soient écrits, oraux ou numériques, ils ne sont pas suffisants s’ils sont utilisés seuls. Il faut continuer à imaginer de nouveaux outils, les combiner ou inventer une nouvelle façon de transmettre. Le plus important est que le message à communiquer reste vivant, c’est avec l’humain que l’information se créée et prend tout son sens. Ainsi, dans ce travail de mémoire collective, il s’agit toujours d’articuler au présent le passé avec le futur.