Les dispositifs de rénovation énergétique (DPE, MaPrimeRénov’, éco-PTZ, CEE…) provoquent une série de difficultés pour les propriétaires de bâtiments anciens. De nombreuses associations réclament désormais un moratoire pour le bâti d’avant 1948, estimant que ces normes standardisées menacent le patrimoine et imposent des travaux impossibles ou destructeurs.
Un système jugé incohérent et instable
Les évolutions récentes du DPE, désormais fondé sur l’estimation théorique plutôt que sur les consommations réelles, conduisent parfois à des classements dégradés malgré des travaux d’amélioration. L’exemple d’une maison de l’île d’Yeu, passée de E à G après rénovation, illustre ces aberrations. Les nouvelles règles interdisant la location saisonnière en dessous de la classe E aggravent les difficultés, certains travaux recommandés étant incompatibles avec les contraintes patrimoniales.
Des bâtiments remarquables aussi menacés
À Paris, l’immeuble Mouchotte (labellisé ACR) risque une rénovation lourde fondée sur un DPE collectif classé F, alors que de nombreux diagnostics individuels affichent un meilleur classement. Les habitants redoutent la perte de son authenticité architecturale. Les immeubles haussmanniens sont également exposés à des diagnostics inadaptés, les diagnostiqueurs méconnaissant souvent le fonctionnement thermique du bâti ancien.
Des aides qui peuvent dégrader le patrimoine
Certaines rénovations subventionnées conduisent à des dégâts irréversibles, comme dans l’Oise, où une isolation à 1 € a recouvert des colombages du XVIᵉ siècle d’un revêtement en polystyrène, en contradiction avec le PLU. Les associations dénoncent des « verrues » créées par des travaux industriels déconnectés des réalités architecturales.
Un problème structurel reconnu
La commission d’enquête sénatoriale a admis en 2023 que le bâti ancien n’a pas été pris en compte dans les politiques publiques de rénovation, alors qu’il représente un tiers des logements. Une proposition de loi pour mieux distinguer le bâti ancien a été adoptée au Sénat, mais reste en attente à l’Assemblée.
Un appel à concilier écologie et patrimoine
Les associations alertent sur un « massacre » du patrimoine, financé par l’argent public, dénonçant une approche trop chiffrée de la transition énergétique. Elles appellent à des solutions adaptées, moins destructrices et plus cohérentes avec le fonctionnement bioclimatique des bâtiments anciens.