Le ministère de la Culture a publié en mai 2025 son nouveau bilan quinquennal sur l’état des monuments historiques immeubles, classés ou inscrits, publics comme privés. Ce travail, conduit depuis plus de vingt ans, vise à analyser leur état sanitaire, anticiper les besoins en financement et orienter les programmations d’entretien ou de restauration.
Un panorama national
Au 31 décembre 2023, la France compte 45 070 immeubles protégés au titre des monuments historiques. Le taux de renseignement atteint 81 %, soit 36 512 monuments évalués. Le déficit d’information (1 026 biens sans données) s’explique notamment par des difficultés d’accès aux propriétaires, des changements non signalés, ou des erreurs d’adressage.
Les monuments sont classés en quatre catégories :
- Bon état : 13 174 (36 %)
- État moyen : 15 022 (41 %)
- Mauvais état : 6 527 (18 %)
- En péril : 1 789 (5 %)
Globalement, 77 % des monuments sont en bon état ou état moyen, tandis que 23 % sont en mauvais état ou en péril, une proportion stable par rapport au précédent bilan (2013-2018).
Des constats contrastés
- Les monuments en difficulté concernent majoritairement l’architecture religieuse et l’architecture domestique.
- Plus de 35 % des monuments militaires sont en mauvais état ou en péril.
- Près de 1 000 monuments en péril appartiennent à des propriétaires privés et plus de 600 aux communes.
- Les immeubles inscrits (protections souvent anciennes et partielles) sont plus touchés que les classés.
À noter : plus de 2 000 monuments ont vu leur état s’améliorer depuis 2019, notamment grâce à des dispositifs comme le Fonds incitatif pour le patrimoine (FIP) et le Loto du patrimoine. Mais à l’inverse, environ 2 000 autres ont vu leur situation se dégrader. La prévention des risques, notamment face aux sinistres (une centaine recensés depuis 2019), demeure un enjeu majeur.
Difficultés récurrentes
Le rapport souligne les obstacles rencontrés par les propriétaires, en particulier privés et communaux, qui peinent à engager des travaux malgré les aides financières. La notion de « péril » doit cependant être nuancée : la dégradation peut ne concerner qu’une partie du monument.
Préconisations
Les recommandations portent sur plusieurs axes :
- Améliorer la connaissance : prioriser l’évaluation des monuments sans données, identifier les propriétaires, repérer les objets mobiliers menacés dans des immeubles dégradés.
- Renforcer la stratégie territoriale : bilans régionaux réguliers associant DRAC, architectes en chef et établissements publics, communication accrue auprès des associations représentatives des propriétaires.
- Accompagner les propriétaires : mise en place de stratégies pluriannuelles de conservation, clarification des protections pour simplifier la maîtrise d’œuvre, recommandations de travaux adaptées (maintenance, réparation, diagnostic).
- Prévention des risques : recours possible à l’article L621-11 du Code du patrimoine en cas de danger avéré.
- Perspectives : une circulaire est prévue pour 2026 afin de réactualiser les orientations nationales et harmoniser les pratiques de protection.
Conclusion
Ce bilan confirme l’importance du suivi régulier et de l’entretien courant pour assurer la conservation du patrimoine. Si une majorité de monuments se maintient en bon état, près d’un quart reste vulnérable, rappelant la nécessité d’une mobilisation collective et pérenne autour de leur sauvegarde.